jeudi 22 mai 2014

Pour que notre modèle européen survive…

Angela Merkel se plaît à le répéter : « L'Europe représente 7 % de la population mondiale, 20 % du PIB mondial mais 50 % des dépenses sociales mondiales. » Dans l'article 3 du Traité sur l'Union européenne, nous avons fait le choix d'une « économie sociale de marché », un modèle de société qui assure la prospérité, suscite la confiance, structure la solidarité et prend soin des plus vulnérables. Cette construction collective est une des plus avancées de l'histoire de l'humanité, comme le dit l'Américain Jeremy Rifkin. Elle doit être défendue. Nous avons aussi fait un choix exigeant et durable de normes environnementales et d'une alimentation de qualité plaçant la « personne », encore une invention européenne, au coeur de notre projet de société. Dans une économie mondialisée, ce modèle ambitieux, par nature très coûteux, nécessite une masse critique de personnes partageant un même style de vie et le partage de principes communs. Ainsi, chaque dépense publique doit être réalisée sans gaspillage, en assurant une mise en oeuvre efficace et responsable. La France doit considérablement s'améliorer dans ce domaine. Pour garantir un filet de sécurité équivalent à nos voisins européens, nous prélevons 6 points de plus de richesse nationale que la moyenne : 120 milliards d'euros supplémentaires, deux fois le budget de l'éducation ou le coût de 1,8 million de fonctionnaires. La France est devenue le contre-exemple d'un modèle social menacé par une gestion calamiteuse depuis trente ans, par des partis à bout de souffle, incapables de renouveler un projet de société qui donne envie. Les choix du dernier gouvernement pour y remédier sont aussi inquiétants. Ils portent en priorité sur le plus facile, la baisse des prestations avec nécessairement des risques pour les plus fragiles, plutôt que la refonte d'un mode de fonctionnement déficient. Pour que notre modèle européen soit durable, il doit être défendu par une régulation des échanges internationaux. Comment accepter que nos économies soient en concurrence directe avec d'autres qui supportent des contraintes beaucoup plus légères, voire inexistantes ? Un fabricant espagnol de verre pour la parfumerie nous confiait qu'il avait perdu ses clients européens un à un lorsque la Chine a rejoint l'OMC, sans contrepartie en matière de normes environnementales ou sociales. Ses concurrents chinois fabriquaient à des prix nettement plus bas. Les négociateurs européens et américains avaient un mandat très limité lors de ces négociations. Leur principal objectif était d'obtenir des contreparties pour l'ouverture des marchés des banques, de l'assurance, de la pharmacie ou du logiciel, des filières qui avaient su s'organiser pour faire entendre leur voix. Mais aucune coordination politique pour négocier le respect de normes sociales ou environnementales minimales ! Nous sommes convaincus que la liberté du commerce est essentielle pour le développement des économies mondiales. Nous sommes opposés au protectionnisme d'un illusoire repli sur soi. Nous pensons, en revanche, que le commerce doit être équilibré et que des réciprocités doivent être exigées. Enfin, il faut être vigilant lors de la négociation du traité transatlantique avec les Etats-Unis, dont les méthodes sont pour le moins opaques. L'Europe ne doit pas se laisser faire et abaisser ses standards en matière environnementale ou de sécurité alimentaire. Notre art de vivre européen doit être défendu dans les négociations commerciales internationales. Un an après le terrible effondrement de l'usine textile du Rana Plaza au Bangladesh et ses 1.300 morts, nous pourrons tirer les normes mondiales vers le haut, y compris dans les pays les moins avancés, afin d'humaniser la mondialisation. Un beau projet politique en perspective qui devrait nous encourager à voter le 25 mai… Denis Payre, Philippe de Roux et Thomas Houdaille

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