jeudi 4 septembre 2014

La BCE lance des rachats d'actifs + baisse du taux directeur + baisse de l euro

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé à la surprise générale un abaissement de ses taux directeurs à de nouveaux plus bas historiques, afin de relever la croissance de la zone euro et éviter la déflation qui menace la région. Le taux de refinancement a été ramené de 0,15 à 0,05%. Le taux de dépôt s'enfonce un peu plus en territoire négatif, passant de -0,10% à -0,20%, tandis que le taux de prêt marginal est abaissé à 0,30%, contre 0,40% précédemment. Pour mémoire, ces taux correspondent au taux auquel les banques empruntent de l'argent auprès de la BCE. Un taux négatif signifie que les banques vont devoir payer pour déposer leurs actifs auprès de la Banque centrale, ce qui devrait théoriquement les inciter à accorder davantage de prêts et in fine soutenir la croissance dans la zone euro. Par ailleurs, Mario Draghi a donné le feu vert pour un programme de rachats d'actifs "adossés à des titres de créances" (asset backed securities ou ABS) donc de dettes d'entreprises privées, ainsi qu’"un large portefeuille d’obligations sécurisées libellées en euro et émises par des institutions financières de la zone euro". Cette procédure a pour objectif de soutenir le marché du crédit afin de redonner des couleurs à l’économie de la zone euro. Cet instrument "non conventionnel" de politique monétaire connu des spécialistes sous le nom d'"assouplissement quantitatif" est déjà pratiqué par la Réserve fédérale américain depuis 2012 - avec un certain succès - mais a surtout contribué à doper les marchés financiers mondiaux et notamment américains. Dans le sillage de cette annonce, la Bourse de Paris a décollé jusqu'à 1,5%, tandis que l’euro est tombé au plus bas depuis un an, à 1,30 dollar pour 1 euro.

Le graphique, Xerfi Canal Déflation : la contamination

Quelle issue ? - Histoire de la déflation dans les années 30

Olivier Passet, Xerfi Canal Retournement de conjoncture : un gouvernemen...

mercredi 3 septembre 2014

Le debat : Chômage, faut-il briser les tabous ? - 28 minutes - ARTE

Sapin revoit à la baisse les économies budgétaires

Michel Sapin annonce que l'objectif de réaliser 21 milliards d'euros d'économies budgétaires en 2015 va être revu à la baisse en raison de la faible inflation. L'objectif de réaliser 21 milliards d'euros d'économies en dépense publique en 2015 va être revu à la baisse en raison de la faible inflation, a déclaré mardi le ministre français des finances, Michel Sapin, à l'AFP. « On ne peut pas avoir les mêmes objectifs avec une inflation qui devient très faible », a-t-il dit avant la présentation des projets de budgets de l'Etat – le 24 septembre en conseil des ministres – et de la Sécurité sociale pour 2015. Le gouvernement a annoncé 50 milliards d'euros d'économies sur 2015-2017, dont 21 milliards en 2015, par rapport à la croissance tendancielle des dépenses, telle qu'il l'estime lui-même. Une inflation plus basse est synonyme de croissance tendancielle des dépenses moins importante et donc d'un différentiel d'économies moins élevé.

Jean-Marc Vittori, Xerfi Canal Questions de rentrée : gérer à croissance...

EcoTV Septembre 2014

ATTALI s'exprime

INTERVIEW - L’essayiste, président de PlaNet Finance et ancien conseiller spécial de François Mitterrand de 1981 à 1991 réagit à la démission du gouvernement Valls et à la ligne économique de l’exécutif. « Ce qu’il nous faut, c’est un grand programme socio-démocrate. », déclare-t-il aux « Echos ». François Hollande et Manuel Valls ont-ils raison de clarifier la ligne économique lors de cette rentrée ? Absolument. Leur ligne politique est raisonnable. Ils ont raison de garder le cap et lancer enfin les réformes tant attendues. D’ailleurs, je n’ai pas entendu de réformes précises, de programme étayé de la part d’Arnaud Montebourg. Il n’a pas non plus, me semble-t-il, montré de différence de fond avec le président de la République et le Premier ministre. Il ne remet pas vraiment en cause le Pacte de responsabilité et ne fait pas de proposition alternative. Arnaud Montebourg reste dans la posture et je le déplore. Le pays souffre-t-il d’un déficit de demande ou d’une offre non compétitive ? Evidemment, il s’agit d’abord d’un problème d’offre. Avant de tonner haut et fort que la demande actuelle est insuffisante, il faudrait que l’économie française puisse y répondre. Or, ce n’est pas le cas aujourd’hui. Je vous rappelle que la balance courante française est déficitaire à hauteur de 4 % du PIB. Cela signifie que l’économie française ne satisfait pas la demande qui lui est adressée, qu’elle achète de plus en plus à l’étranger. Il y a aussi une énorme demande venant des 7 milliards d’habitants de la planète que nous ne savons satisfaire. Le problème, c’est que ni Jacques Chirac, ni Nicolas Sarkozy, ni François Hollande n’ont mis en œuvre les réformes nécessaires. Ce n’est que depuis cette année que François Hollande évoque la réforme du travail le dimanche, la suppression des seuils sociaux, la réforme territoriale. Les dirigeants français sont soit dans la posture, soit dans la révolution. Jamais dans la réforme. Que peut faire l’exécutif ? La France n’a pas besoin d’un personnel politique qui gesticule en permanence. Ce qu’il nous faut, c’est un grand programme socio-démocrate. Aujourd’hui, à part François Hollande, qui reste dans le discours et pas dans l’action, aucun parti n’a de programme de réforme. La droite n’a pas de programme et prie pour que le gouvernement applique le sien, en espérant qu’elle n’aura pas elle-même à le faire. Seule Marine Le Pen a un projet, mais il est suicidaire, d’autant qu’il est fondé sur la sortie de l’euro. Il faut comprendre qu’il ne reste plus que quelques semaines pour lancer les réformes. Ce président et ce gouvernement ont jusqu’à la mi-septembre pour faire des choix très précis et très détaillés. Pas une minute de plus. Ce n’est pas en 2016, année pré-électorale que le gouvernement lancera des réformes ambitieuses. Il y a donc urgence, sinon, le déficit public ne se réduira pas. Concrètement, que feriez-vous si vous étiez au pouvoir ? Je pense qu’il y a quatre réformes à mettre en œuvre très vite. Il faut dynamiser la construction de logement, revenir sur des aides qui soutiennent la demande dans ce domaine et soutenir l’offre en libéralisant la construction. Ensuite, il faut revoir la politique de la formation professionnelle, dont les subsides échappent aujourd’hui aux premiers concernés, les chômeurs. Il faut aussi augmenter la TVA pour financer les déficits publics. Enfin, il faut que l’Europe lance un plan massif d’investissements. Le débat actuel vous rappelle-t-il celui de 1983 sur le « tournant de la rigueur » ? Pas tout à fait parce qu’avant 1983, nous avions déjà fait des réformes de structures. Il s’agissait plus d’un débat de conjoncture. Mais, les deux moments se rapprochent dans le sens où il s’agit dans les deux cas d’une sorte d’heure de vérité. La France est à l’heure de vérité. Ou le président de la République réaffirme solennellement que le pays a choisi la voie de la sociale-démocratie ou la France s’enfonce dans un populisme de gauche destructeur à terme pour le tissu productif et économique. Y-a-t-il une coordination suffisante des politiques économiques au niveau européen? Comme Mario Draghi en convient lui-même, la zone euro souffre d’un déficit de coordination des politiques économiques. L’euro disparaîtra d’ici à 10 ans si les Etats-membres ne vont pas vers une intégration économique plus poussée. Cela passe obligatoirement par un fédéralisme politique. Pour cela, il faut que les Français et les Allemands s’entendent pour faire un saut en avant dans ce domaine. En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/0203722780929-jacques-attali-il-ne-reste-plus-que-quelques-semaines-pour-lancer-les-reformes-1035799.php?6zihUJRPKXpJJgfl.99

L'offre ou la demande ? Ecoutons Mario Draghi

Le débat sur l'offre et la demande est reparti de plus belle avec le changement de gouvernement. Un consensus est-il hors d'atteinte ? Ecoutons une voix qu'on peut dire « autorisée », celle de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE). Dans un discours prononcé le 22 août à la réunion annuelle des banquiers centraux à Jackson Hole (Wyoming), il a stupéfié son auditoire : « La zone euro souffre depuis 2010 d'une politique budgétaire insuffisante (“less available and effective”), surtout si on la compare aux autres économies avancées. Ce n'est pas le résultat d'une dette publique élevée, en moyenne la dette européenne n'est pas supérieure à celle des Etats-Unis ou du Japon. Elle résulte du fait que, dans les autres pays, la banque centrale a joué un rôle de cran de sécurité (“backstop”) pour le financement des Etats. C'est pourquoi il serait utile que la politique budgétaire joue un rôle plus actif aux côtés de la politique monétaire. » Mario Draghi résume en une phrase ce que la majorité des économistes n'a cessé de répéter. La consolidation budgétaire à laquelle les Etats de la zone euro ont été astreints a résulté d'une crise davantage d'origine institutionnelle qu'économique. Il enfonce ainsi le clou qu'il avait planté avec l'annonce, en 2012, de son programme OMT (rachat de titres de dette d'Etat) : la BCE ne peut rester indifférente à la crise souveraine. NOUVEAU TRAIN DE MESURES Et d'annoncer un nouveau train de mesures pour renforcer la politique monétaire, sous la forme d'un « quantitative easing » européen. Mais il ajoute qu'il y a « un risque certain que la politique monétaire ait perdu de son efficacité à relancer la demande », du fait notamment de taux déjà très faibles. D'où sa recommandation que la politique budgétaire joue un rôle plus actif au côté de la politique monétaire. Mario Draghi voit l'inflation chuter (0,4 % sur l'année écoulée, contre 1,6 % un an plus tôt). La politique monétaire, qui ne fait que pousser le crédit, ne peut corriger à elle seule une trajectoire qui s'interprète dans son raisonnement comme un excès d'offre. Cela ne signifie pas à ses yeux qu'il faille renoncer aux mesures favorables à celle-ci. Il signale le risque que les chômeurs de longue durée perdent leur employabilité et cite le renforcement de la formation professionnelle parmi les mesures utiles. Mais il se situe au-delà de ce clivage : « Une stratégie cohérente pour réduire le chômage doit s'appuyer sur des mesures d'offre et de demande tant au niveau de la zone euro dans son ensemble qu'aux niveaux nationaux. » Et de citer les 300 milliards d'investissement annoncés par Jean-Claude Juncker, nouveau président de la Commission européenne, comme une piste à suivre. TOUS LES MOTEURS DE LA DEMANDE SONT À L'ARRÊT Quid de la France ? Le dernier bulletin de santé de l'Insee montre qu'elle marche au fil de la récession. La croissance stagne pour le deuxième trimestre consécutif (0,1 % sur l'année écoulée) et l'inflation est au plus bas aussi (0,6 % en juillet). Tous les moteurs de la demande sont à l'arrêt. La consommation est quasiment plate, progressant comme le produit intérieur brut (PIB) sur les quatre derniers trimestres, et l'investissement recule de 2,4 %. Offre ou demande ? Si l'inflation faible suggère un excès d'offre, le commerce extérieur, déficitaire, témoigne d'un manque de compétitivité (la faiblesse de la demande européenne joue aussi son rôle). La pédagogie étant l'art de la répétition, il ne faut pas confondre les problèmes de compétitivité des entreprises exportatrices avec ceux de l'ensemble de l'économie. Selon les derniers chiffres de l'Insee, le taux de marge des sociétés non financières est remonté à 30 % au premier trimestre, pour une moyenne historique de 28,5 %, ce qui suggère que le problème interne n'est pas si radical. LES DEUX À LA FOIS La France, en réalité, n'a pas le luxe de choisir entre l'offre ou la demande, elle doit cibler des mesures qui stimulent les deux à la fois. Le logement est un bon exemple. L'investissement immobilier des ménages français s'est effondré de presque 10 % sur l'année écoulée. Pourtant, l'offre de logements disponibles est notoirement insuffisante. La panoplie classique des mesures d'incitations fiscales ou concernant le crédit ne suffit pas, en cette période de taux déjà très faibles. Il faut « relancer l'offre » et financer, à l'ancienne, des programmes de constructions nouvelles. Pour l'ensemble de l'économie, on peut stimuler offre et demande en faisant baisser les cotisations employés plutôt que les cotisations employeurs. De telles baisses soutiennent le pouvoir d'achat des salariés déjà en emploi (la demande) tout en favorisant l'embauche : à salaire net donné, qui est la référence implicite au moment du recrutement, la baisse des cotisations employés réduirait le coût d'embauche (l'offre). Au-delà du cas français, un grand choc est nécessaire pour sortir l'Europe de la crise. La Commission Juncker devra fixer une doctrine concernant le retour à l'équilibre budgétaire qui tienne compte de l'état de la croissance. Personne n'ignore l'opposition allemande à un changement de cap. Mais il s'agit ici de définir une politique pour l'Europe dans son ensemble, et la tâche en revient à la Commission. Jean-Claude Juncker a l'immense avantage sur ses prédécesseurs de bénéficier d'une légitimité propre. Mario Draghi lui a préparé le terrain. Il doit l'occuper