mardi 20 mai 2014

Intervention de la BCE

La BCE se prépare à agir dès juin contre la déflation et l'euro fort Selon des hauts dirigeants de l'institution, une baisse des taux est sérieusement envisagée Cette fois, c'est une quasi-certitude : la Banque centrale européenne (BCE) devrait prendre des mesures contre l'inflation basse dès jeudi 5 juin. " La probabilité que le conseil des gouverneurs agisse dès sa prochaine réunion de politique monétaire en juin a considérablement augmenté, a ainsi déclaré lundi 19 mai Yves Mersch, membre du directoire de la BCE, lors d'un discours à Munich. Nous devons nous préparer au risque résiduel de déflation. " La veille, le magazine allemand Der Spiegel révélait que Peter Praet, lui aussi membre du directoire, soutiendra une baisse du principal taux directeur (aujourd'hui de 0,25 %) à 0,15 % lors des discussions de juin. Quelques jours plus tôt, M. Praet s'est également déclaré favorable au passage en territoire négatif du taux de dépôt, qui rémunère l'argent que les banques placent à court terme à la BCE. De quoi, en théorie, les inciter à gonfler les prêts à l'économie. Le 14 mai, enfin, des sources anonymes ont confirmé à l'agence Reuters que Francfort travaille à un ensemble de mesures… Depuis deux semaines, les déclarations de ce genre se multiplient, et il est probable qu'elles se poursuivront ces prochains jours. Lors de la réunion du 8 mai, Mario Draghi, le président de la BCE, s'est montré bien plus inquiet que d'habitude sur la situation de la zone euro. Un changement de ton considérable pour l'institution qui, jusque-là, temporisait. Il faut dire que les menaces planant sur la reprise de l'Union monétaire sont nombreuses. Et inquiétantes. Outre l'inflation trop faible (0,7 % en avril), le taux de chômage (11,8 %) et la dette publique (92,7 % du PIB) battent toujours des records. S'ajoute à cela le niveau de l'euro (1,38 dollar), jugé trop élevé par certains Etats. " C'est un cocktail explosif ", prévient Bruno Colmant, à l'Université catholique de Louvain. " Le changement de ton de la BCE soulève l'espoir qu'elle agisse contre ces menaces, mais les mesures qu'elle prendra risquent de décevoir ", ajoute Patrick Artus, de Natixis. Pas de " miracles " La probable baisse du taux directeur et l'éventuel taux de dépôt négatif pourraient en effet ne pas suffire pour contrer les pressions déflationnistes et l'appréciation de la monnaie unique. Le véritable débat porte donc sur les autres mesures, plus musclées, que la BCE pourrait prendre. L'achat de dette publique ? La Bundesbank allemande y est toujours farouchement opposée. L'achat de créances titrisées d'entreprises ? La BCE y semble favorable, car cela pourrait relancer le crédit aux entreprises. Mais elle pourrait aussi opter pour un nouveau prêt à long terme (" LTRO "), réservé cette fois aux banques prêtant à leur tour aux PME. Ou encore pour des mesures susceptibles d'accroître les liquidités sur le marché monétaire. " La BCE ne peut pas faire de miracles ", conclut Philippe Waechter, de Natixis AM. En rappelant que les problèmes structurels de la zone euro ne relèvent pas tous de son champ d'action… Marie Charrel © Le Monde

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